Des jumeaux numériques pour réduire les risques de troubles musculo-squelettiques
Des jumeaux numériques pour réduire les risques de troubles musculo-squelettiques
Analyser au plus près la réalité des troubles musculo-squelettiques en entreprise… C'est ce que propose Nawo. Cette solution, développée par l'entreprise lavalloise HRV, est une suite logicielle d'ergonomie. Elle utilise des jumeaux numériques pour analyser et quantifier les facteurs de risques de troubles musculo-squelettiques.
«Dans le milieu industriel, après 50 ans, beaucoup de gens ont des restrictions de la médecine du travail. Pour éviter ça, il faudrait piloter ce risque assez tôt dans le cycle de vie professionnel, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui», affirme Arnaud Cosson, fondateur de l'entreprise HRV. C'est de ce constat qu'est né le projet Nawo, déjà en usage dans plusieurs industries à ce jour.
L'idée de Nawo est relativement simple. Il s'agit d'enregistrer les mouvements effectués par les employés au travail, puis de les analyser grâce à un algorithme. Le logiciel sort alors un rapport sur la pénibilité des gestes exécutés au quotidien par les travailleurs. Concrètement, Nawo offre deux possibilités pour capter les données nécessaires à l'analyse. La transmission des données peut se faire via des capteurs placés directement sur l'employé. HRV utilise pour cela Perception Neuron 3, selon eux le plus petit système de capture de mouvement sans fil au monde.
Analyser tous les mouvements
Une autre option a été développée plus récemment: la capture par flux vidéo. Dans ce cas, il est possible de simplement filmer les personnes dont on souhaite analyser les mouvements, même avec un simple smartphone. Cette approche peut parfois être moins précise, et est davantage sujette aux conditions environnementales, telles que l'éclairage ou les obstacles. Elle a néanmoins l'avantage de se faire oublier plus facilement, et donc d'enregistrer des mouvements plus naturels.
Lorsque ces mouvements sont captés, c'est le principe de l'ergo simulation qui entre en jeu. C'est-à-dire que le mouvement humain est reproduit en temps réel sur un jumeau numérique. Ce «mannequin», qui comporte les différents segments du corps, est enrichi d'indicateurs ergonomiques et biomécaniques, qui permettent d’estimer des contraintes posturales, des efforts et des temps d’exposition liés à l’activité professionnelle. Le jumeau numérique reproduit donc les mouvements réalisés par l'employé, et un algorithme analyse ces gestes pour en calculer la pénibilité: «typiquement, on sait que lorsqu'on fait un geste où le coude passe au-dessus de l'épaule, c'est très pénible», explique Arnaud Cosson.
Des analyses détaillées peuvent ensuite être exportées pour mettre en place des plans d'action visant à l'amélioration des gestes du quotidien. Une méthode qui permettrait de prévenir les troubles musculo-squelettiques, mais qui doit encore se démocratiser. «Dans notre modèle, ce qui est compliqué, c'est qu'on fait vraiment de l'innovation de rupture, souligne Arnaud Cosson. Il faut expliquer aux industriels qu'il est possible de piloter le risque de TMS, en documentant un poste de travail: c'est de l'évangélisation.»