IGN et Cerema appellent à la création d’une équipe de France du jumeau numérique
IGN et Cerema appellent à la création d’une équipe de France du jumeau numérique
Dans une tribune intitulée « Planification écologique : la France a besoin de son jumeau numérique », publiée mi-février dans le quotidien Les Échos, Sébastien Soriano et Pascal Berteaud, directeurs de l’IGN et du Cerema, rappellent l’absolue nécessité de doter notre territoire d’un jumeau numérique capable de « modéliser son comportement et son évolution afin de mieux appréhender l’avenir et les conséquences de nos décisions et actions. Des collectivités à l’État, la décision publique serait révolutionnée par un tel outil d’objectivation ».
Ce positionnement face à l’anthropocène et les conséquences des activités humaines sur les écosystèmes n’est pas une première. Par le même exercice, les deux hommes avaient déjà insisté il y a quelques mois sur l’importance de développer des communs et des données souveraines et ouvertes. Ils évoquent cette fois le recours au jumeau numérique, qui facilite l’appréhension du territoire en fonctionnement grâce à une forme synthétique de maquette virtuelle, une navigation immersive, un couplage à des données temps réel issues de capteurs in situ, des effets visuels modélisant les phénomènes prévisibles, voire des interfaces avec des systèmes de réalité augmentée ».
« Les enjeux des transitions écologique, climatique, énergétique ou encore agroalimentaire auxquelles nous devons faire face demandent des décisions en matière d’adaptation des pratiques ou d’aménagement de notre territoire qui soient rapides, robustes et étayées par des analyses éclairées », écrivent-ils. Le jumeau numérique apparait donc comme une solution, l’outil pour confronter les différentes dynamiques auxquelles sont confrontés les territoires. Au-delà de l’analyse, il y a un vœu de prédiction des différentes mesures de résilience ou de protection. « Le jumeau numérique du territoire est une fidèle réplique, agrégeant les données descriptives du territoire sous forme d’une reconstitution 3D qui permet de les mettre en scène afin de comprendre le comportement et l’interaction de divers phénomènes, suivre leur évolution au cours du temps, et prévoir l’effet de différentes mesures en matière de politiques publiques ».
Un commun numérique
Sébastien Sorianon et Pascal Berteaud rappellent que l’IGN et le Cerema sont convaincus qu’une mobilisation des données relatives au territoire au travers un jumeau numérique de la France, placé sous le signe de l’intérêt général et territorial. Il constituerait un outil indispensable à la planification écologique pour anticiper un large spectre de phénomènes : submersion marine, évolution du trait de côté, îlots de chaleur en ville, artificialisation d’un territoire, etc.
Ils précisent aussi que les données comme l’expertise existent déjà, à commencer par le programme à 60 millions d’euros de LiDAR HD qui va établir un premier socle 3D, précis et homogène. Ensuite, plusieurs organismes de R&D comme l’Inria et l’Université Gustave Eiffel (dont fait partie l’ENSG, l’école de l’IGN) sont aussi mobilisés. Ils veulent enfin que la puissance publique joue le rôle de « tiers de confiance » avant de conclure : « Le Cerema et l’IGN souhaitent impulser une équipe de France du jumeau numérique et lancent un appel à tous ceux qui seraient disposés à contribuer à ce défi majeur.
Une démonstration qui pourrait se concrétiser le jeudi 30 mars à l'ENSG (Cité Descartes Champs-sur-Marne) par une journée de recherche dédiée au thème : « Jumeaux numériques et Anthropocène, données de simulation pour aider à la prise de décision ».